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LE ROI

tait ; on vous y aime tant qu’on ne sait s’il faut plus gémir de vous connaître sans religion que de vous voir perdre le trône à cause d’une religion qui n’est plus la vôtre.

Le Gascon se décida vite. Ce roi qui satisfaisait, sans croyances, aux deux morales, ce lutteur selon la Bible, ce pasteur selon l’Évangile fit appeler immédiatement les évêques pour s’  « informer ». L’archevêque de Bourges Renaud de Samblançay et le cardinal du Perron accoururent ; les conférences eurent lieu à travers les galops du camp.

— En sais-je assez ? demanda le roi un matin.

— Oui, sire, vous avez la grâce, mais…

— Mais ?

Le Gascon sourit.

— Justement, dit le cardinal, ce sourire

— Me préféreriez-vous chigneux ? D’ennui point de fruit, et qui a santé il a tout ! Que va penser le pape de mon abjuration, messeigneurs ?

Il prit machinalement une poignée de terre.

— Le pape ne s’y attend pas, dit Samblançay, et votre réconciliation avec lui s’embarrassera de quelques délais par la faute des étrangers.

— Il y a conférence des députés ligueurs à Suresnes, dit Henri. (La terre écrasée recélait un grain, il le détacha) Monsieur l’archevêque de Bourges, vous irez leur faire part de ma réconciliation avec l’Église (rêveur, il pesait le grain), et vous ajouterez aussi (le grain nu montrait son cœur blanc) que pour ne pas retarder, en conti-