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LE ROI

catholique. Je suivrai ton avis puisqu’il va au-devant de mes projets : Credo en la seule France !

L’index de Rosny, à la dérobée, traça un signe de croix.

— Je vous en conjure, sire, ne dites à quiconque ces laides paroles.

— Ventre-Saint-Gris ! c’est seulement à toi que je parle, non à d’autres qui m’accuseraient, comme hier, d’hérésie, d’impiété, de schisme et autres fadeurs, sans comprendre que je suis Latin qui adore nombre de dieux, lesquels sont la beauté des femmes, l’art d’une ligne, la pensée d’un mot, l’héroïsme d’un cœur, l’honnêteté d’une âme et cent mille belles autres choses palpables et bien vivantes dont j’ai fait mes dévots autels !

— C’est de Dieu qu’elles viennent, murmura Rosny.

— Qu’en sais-je ? J’attends qu’il me le fasse savoir. Et, le saurais-je même demain, qu’y aurait-il de changé en moi ! (Coléreux, le roi se haussait) Je suis las de ton dur Très-Haut qui ne connaît plus que brouiller, menacer, punir ; il est temps de moraliser, et malgré que ce soit plus œuvre de prêtre qu’occupation de soldat, c’est l’ « excommunié », demain, qui va rappeler au monde l’Évangile ! (Il leva son bras vers la capitale) Fanatique cité, je cède ! J’humilie à la tienne la foi de mes troupes. Ma comédie pour ton repos ! la Messe pour ta gloire ! L’ours va passer sous la chatière, mais Rome, malgré elle, sauvera la France !