tailles. Misérables comme le roi, les compagnies à pied s’avancèrent, hordes gascommes aux yeux enfantins qui n’avaient économisé des combats que leurs cicatrices. La plupart portaient la coiffe des camps, le béret, un bissac « où y avait gousses d’ail, fiolette d’huile, et la croûte de pain ». Les fers de leurs piques, hautes de dix-huit pieds, effleuraient la terre en grand deuil, et ceux-là qui étaient paysans palpitèrent à la vue du soc. Les arquebusiers à pied venaient ensuite, portant épieux, l’arquebuse à croc sous le bras, l’épée courte. Les derniers étendards, lamentablement meurtris par les balles, s’humilièrent vers la charrue ; et abandonnant enfin les autres troupes qui étaient de moindre importance, le roi au galop rejoignit la tête de l’armée.
Il allait, pâle, dans une fièvre, et regardait grandir Paris au soleil. Tout à coup, poussées par Brissac, les portes s’ouvrirent ; l’armée royaliste entra, silencieuse, en ordre de bataille, et occupa les rues. Entouré de sa noblesse, l’Agitateur marchait à la cathédrale. À ce moment, les Parisiens s’éveillèrent. Après le Te Deum, la ville ivre le poussa au Louvre et entra dans les grandes salles avec lui. La table était mise. Quatre mille hommes, vieux et jeunes, femmes et enfants, groupés contre les barrières, se pressaient pour voir entrer le Gascon. Il parut, sourit, salua la foule. Se retournant ensuite vers l’évêque de Chartres qui était à gauche, il dit au milieu des clameurs ces paroles simples :