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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/390

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LE ROI

éclore un immense tableau heureux : les laines éblouissantes créent des cités, les maisons de travail murmurent, les édifices de la paix sortent de la terre aride, mille peintres et sculpteurs parent la nation. Mais les laines courent plus loin, descendent et affluent en des mers de blés, la campagne grouille d’un peuple libre et nouveau, de pacifiques hommes, aux blessures de soldat, sèment, vendangent ou labourent, des bœufs et des chars encombrent les sentiers, les canaux s’émeuvent dans un long mouvement d’échange et de transport, les collines apparaissent chargées de raisin, d’orge, de houblon, de maïs et de riz, les pâtures verdoient d’herbes nouvelles, les mûriers bordent les routes, les chaumines fument, les enfants jouent, les hommes et les femmes s’embrassent : la France chante !

Une flamme sacrée hâte les Tisseuses. Depuis quarante ans qu’elles travaillent, jamais plus splendides tableaux n’ont défilé sous leurs yeux. Voici quatorze ans que le roi entra dans Paris, et voici quatorze ans qu’au lieu de conter des guerres elles tissent, enthousiasmées, la fortune de France. Qu’y aura-t-il encore de plus grand dans cette œuvre d’Henri le Grand ? L’espace, devant leurs yeux, se déchire comme la nue, elles pénètrent l’âme royale…, et à ce spectacle, tout à coup, leurs fronts s’enchantent de pensées plus belles, leurs bras s’élancent plus rapides, et de vastes symboles naissent à nouveau sous leurs doigts tremblants. Elles en sont au fameux « Pro-