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LE GRAND

jet d’Henri IV », rêve de la confédération des États d’Europe contre l’orgueilleuse Maison d’Autriche pour le perpétuel établissement de la Paix. De tous les côtés du métier, à leur place géographique, en haut, en bas, des mains tissées se tendent : celle de l’Électeur Palatin liée par-dessus leurs peuples au bras du roi Jacques, des mains anglaises qui malgré la distance envoient des signaux, d’autres qui appellent du fond de la Suède, puis les gantelets d’Allemagne, de Savoie, des milliers de mains enchainées surgies du sol de la Hollande et d’autres encore, toujours et sur tous les points, des nuages, des foules et des multitudes de mains crispées vers la France libératrice ! Les Tisseuses éblouies continuent le Chef-d’Euvre. Au milieu des « mains » qui l’implorent, le roi est assis, il regarde l’Europe transformée, dans la sienne il va grouper ces étreintes, il va agir…

Mais à ce moment l’une des femmes qui tissait l’image du roi s’immobilise. Comme le couteau qui s’enfonce là-bas dans le cœur d’Henri, la navette perce la trame, s’échappe des mains, la laine rouge du peloton se dévide à terre.

Et poussant un long cri aigu, les trois Tisseuses s’envolent.


FIN


Mai 1898.