Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/23

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bonne heure mêlé à la société du temps, prenant sa part dans les divertissements auxquels son âge permettait de l’admettre. Avant d’être présenté à la Cour, il avait été introduit dans le cercle intime de Mesdames, tantes du roi Louis XVI, et dans celui de la reine Marie-Antoinette. Il était des petites réunions qui avaient lieu à Versailles et à Trianon pour l’amusement des Enfants de France. La princesse de Lamballe, madame de Polignac, quelques dames de la Cour, leurs maris et leurs frères, quelques gentilshommes de la maison du Roi, tout ce qu’on a depuis appelé coterie de la reine, assistait aux jeux des enfants, et s’y mêlait. On dansait avec eux, on jouait avec eux des charades et des petites comédies. Les enfants retirés, les mêmes divertissements se prolongeaient avec un égal entrain et, de la part de la Reine, avec cet entier abandon qui lui plaisait tant, qui l’a fait si fort aimer par ses serviteurs, et si sévèrement juger par le public. Mon père, plus âgé que la plupart des autres enfants, était habituellement retenu par la Reine pour jouer quelque rôle dans ces petites pièces improvisées. Un enfant de treize à quatorze ans ne pouvait être un observateur bien clairvoyant ; ce n’était pas non plus un témoin dont on se fût défié.

J’ai toujours entendu dire à mon père, dont les souvenirs d’enfance étaient très-précis, que l’aspect de ces réunions était des plus innocents que la Reine s’y