Page:D’Heylli - Dictionnaire des pseudonymes, 2e édition.djvu/161

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Dentu imprime en ce moment un ouvrage posthume de ce fin et charmant esprit ; c’est un recueil de notes, de nouvelles, d’aperçus divers, la plupart inédits, ou au moins dispersés et même oubliés, réunis définitivement sous ce titre : Manières de voir et façons de penser (1 vol. in-18).

Gazul (Clara), comédienne et auteur dramatique espagnole inventée par Prosper Mérimée, et dont cet écrivain, aujourd’hui académicien et sénateur, a publié le soi-disant théâtre, composé tout entier par lui-même. C’était, prétendait-il, une traduction fidèle des œuvres de cette comédienne, célèbre au delà des Pyrénées, et dont il raconta même la vie, également imaginée par lui, dans une notice placée en tète du volume, notice signée Joseph L’Estrange. La première édition de cette curieuse mystification littéraire parut en 182 5. Elle eut un succès considérable, et beaucoup des meilleurs et des plus compétents esprits de l’époque s’y laissèrent prendre, à ce point que pendant quelque temps Clara Gazul eut un nom, des panégyristes et des biographes.On alla même jusqu’à faire son portrait d’après… je la donnerais en mille, si la chose n’était connue… d’après Mérimée lui-même, qui n’est pas beau, et qui devait faire amusante et grotesque figure en costume d’actrice castillane. Le portrait fut gravé, on en tira quelques épreuves ; mais au dernier moment on trouva sans doute la ruse trop forte et trop grossière, et on détruisit la planche. Il existe dans la bibliothèque de quelques bibliophiles enragés des exemplaires de la première édition du Théâtre apocryphe de Clara Gazul, avec un de ces rarissimes portraits en tête du volume.

Le succès inattendu de ce premier livre de Mérimée lui valut des « commandes ». La mode était alors aux traductions de poésies étrangères ; Fauriel venait de publier une