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LUDWIG VAN BEETHOVEN

Clair de lune), enfin l’adagio de la sonate en sol pour violon et luth, de Rust, offre une ressemblance stupéfiante avec la mélodie du superbe andante qui forme le milieu du trio, op. 97, dédié à l’archiduc Rodolphe.

De tout ce qui précède, il n’est donc pas téméraire de conclure que cette époque de la carrière de Beethoven fut une époque d’imitation, non point servile, s’entend, car dans la plupart des œuvres importantes, un observateur perspicace pourra retrouver les caractères de ce qui fit plus tard la géniale originalité de Beethoven. À la vérité, ces envolées ne sont pas encore bien hardies et ne font présager que de très loin le formidable essor de la seconde et surtout de la troisième manière.

Avant de terminer ce chapitre, nous devons parler plus spécialement de quelques œuvres auxquelles alla un succès immédiat, ou qui formèrent l’esquisse de grandes conceptions postérieures.

1o : Adélaïde, lied sur un texte de Matthison, composé en 1790, édité en 1797. Chose curieuse, cette œuvrette, romance ni meilleure ni plus mauvaise que la plupart des innombrables romances de la même époque, contribua puissamment à faire connaître Beethoven dont les compositions sérieuses devaient rester longtemps presque ignorées. Le jeune élève de Neefe mit-il ce texte en musique avec la pensée ou le souvenir de quelqu’une des amourettes esquissées dans l’hospitalière demeure des Breuning ? L’inspiratrice de cette mélodie, fut-elle Jeannette de Honrath, fut-elle Wilhelmine de Westerholdt ? Il est difficile de se prononcer là-dessus. Mais cette Adélaïde passa très vite pour le cri de douleur d’un cœur blessé, pour la plainte suprême du pauvre amant appelant sa « belle » jusque dans les ténèbres de