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LUDWIG VAN BEETHOVEN

la tombe… La vogue de cette romance fut telle qu’en très peu de temps, on la publia sous cinquante-deux formes différentes !… Vingt-huit avec piano-forte, onze avec guitare, etc. ; et il en fut fait vingt et une transcriptions pour divers instruments dont seize pour piano à quatre mains !

Et cependant, on ne verra aucune difficulté à regarder ce morceau comme une des moins bonnes productions de Beethoven qui ne fut jamais l’homme du lied. Rien de vraiment expressif là-dedans ; c’est une romance de plus et voilà tout. C’est également une nouvelle preuve de cette ancienne vérité que le public de tous les temps réserve ses faveurs aux ouvrages médiocres, passant indifférent à côté de la vraie beauté.

2o  : La Sonate pathétique, op. 13 (1798). Encore un agent actif de succès tant à l’époque où cette œuvre parut que dans la suite et jusqu’au troisième quart du xixe siècle[1]. Même rôle dévolu au Septuor pour clarinette, basson, cor, violon, alto, violoncelle et contrebasse.

L’intérêt de la sonate pathétique ne réside pas tant dans la musique même que dans son architecture, assez spéciale et rare à cette époque. Un motif cyclique de quatre notes : sol, ut, ré, mi bémol, procède à la formation des trois morceaux de l’œuvre. Ce motif, aidé par les autres thèmes, entre en lutte dès le premier mouvement avec le dessin exposé dans l’introduction, lequel, perdant un membre à chaque épisode du combat, finit par s’avouer vaincu. Dans le finale, le motif victo-

  1. Voy. l’amusante fantaisie de G. de Lenz sur le rôle de cette sonate dans les pensionnats « et autres institutions où l’on n’apprend pas le piano » (Beethoven et ses trois styles, I, p. 134).