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CÉSAR FRANCK

et cependant, malgré que la succession de notes soit la même, combien différente est l’impression ressentie !…

Rien de plus tranquillement chaste que cette mélodie qui fait le fond de la scène finale de Ruth, et qui, partant du ton de ré majeur, ramène comme couronnement harmonique de l’œuvre, cette teinte lumineuse de si majeur déjà apparue dans le duo de la seconde partie.

C’est ainsi que, tant par l’importance musicale que par la tentative dramatique, nouvelle pour lui, Franck a donné dans sa partition de Ruth la somme de ce que pouvait son talent au cours de cette première manière.

Nous allons maintenant le voir abandonner complètement cette voie pour pénétrer — plus haut — en d’autres régions musicales.


V

DEUXIÈME ÉPOQUE (1858 à 1872).



Dès l’entrée de cette seconde époque, se pose une question de chronologie dont la solution ne laisse pas que d’être quelque peu embarrassante.

Dans le commencement de sa carrière de compositeur, Franck (probablement à l’instigation de son père) cataloguait soigneusement et