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Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/151

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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

sans gêne ni heurts à la parure de la mélodie. Celle-ci fut pensée par le maître spécialement pour le timbre chaud et expressif du nouveau jeu de clarinette, trouvaille de Cavaillé-Coll.

Je ne m’appesantirai point non plus sur le triomphal Quintette en fa mineur, première production de musique de chambre depuis les trios de 1841, exécuté au concert de la Société Nationale du 17 janvier 1880, Saint-Saëns tenant la partie de piano, secondé par MM. Marsick, Rémy, Van Wœfelghem et Loys ; ni sur Rébecca et le Chasseur maudit (première exécution à la Société Nationale, concert du 31 mars 1883), mais je veux faire remarquer une évolution assez curieuse que j’ai déjà signalée en parlant des œuvres de la première manière, c’est le retour subit à l’écriture de pièces pour piano, genre délaissé par Franck pendant près de quarante ans. Je vais tâcher de déterminer les causes de cette évolution.

Depuis longtemps déjà les compositeurs négligeaient d’écrire pour le piano des œuvres sérieuses. Après l’avalanche de fantaisies et la pléthore de concertos qui encombrèrent la première moitié du XIXe siècle musical, il semblait que l’instrument, héritier des chefs-d’œuvre pensés pour le clavecin par les Bach, Haydn et Mozart, et ayant conquis avec Beethoven ses titres de noblesse, fût voué, artistiquement par-