Aller au contenu

Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
CÉSAR FRANCK

Psyché est d’inspiration toute moderne et chrétienne. Les chœurs se développent en une polyphonie si pure, si suave, si constamment maintenue dans une région supérieure inondée d’une lumière sans ombre, que rien, ni dans le chœur des anges de la Damnation de Faust, ni dans l’Enfance du Christ, n’évoque plus nettement l’idée du ciel.

« Éros, Psyché ne prennent point la parole.

« Ce qu’ils éprouvent est traduit par l’orchestre. En voici la raison : ici, ni Éros ni Psyché ne sont des personnes. Franck, oubliant les héros mythologiques, en fait des symboles de l’Âme humaine et de l’Amour suprême. La musique, la musique pure, sans paroles, précisément parce que ses notes n’ont pas une signification définie, ses phrases un sens arrêté, est, de toutes les formes de l’art, l’expression la plus adéquate de ces réalités immatérielles. Dans cet oratorio, il n’y a donc point de soli. L’orchestre tient le rôle le plus important : il traduit les élans, les regrets, la joie finale de Psyché, l’action invisible mais féconde d’Éros. Tout au plus les chœurs, ensemble anonyme et impersonnel, chantent çà et là, en peu de mots, les péripéties du drame.

« Il est visible, d’autre part, que toute cette œuvre est traversée d’un souffle de mysticisme