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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

tourna vers lui une tête amaigrie qu’une trace des joies d’autrefois illuminait encore, et répondit : « Ah ! ce Magnificat, je l’ai tant aimé ! — En ai-je improvisé des versets sur ce beau texte ! — J’en ai écrit un certain nombre ; je viens d’en donner soixante-trois à mon éditeur, mais je veux arriver à cent. — Je les reprendrai dès que je serai guéri,… ou bien », termina-t-il plus bas, « Dieu permettra que je les achève… dans son éternité ! »

Je dois maintenant parler des deux essais de musique dramatique que fit César Franck ; le premier, Hulda, commencé en 1882, terminé en septembre 1885, le second, Ghisèle, dont l’esquisse complètement établie est signée et datée du 21 septembre 1889.

On s’étonnera peut-être que je me sois servi du mot essai, en parlant de ces deux œuvres ; la raison en est que, malgré leur très haute valeur musicale, incontestable et incontestée, elles ne me semblent point représenter dans l’ordre dramatique le mouvement en avant, l’élan généreux et rénovateur qui se produisent dans toute la musique symphonique de cette troisième époque de la vie du maître.

Chose bizarre, les opéras de Franck sont, à proprement parler, moins véritablement dramatiques que ses oratorios.