Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
CÉSAR FRANCK

visait à son orgue les versets pairs du Cantique à la Vierge qui termine l’office de vêpres ? — Là, plus de préoccupation comme à l’office du matin où la construction mélodique et tonale d’un offertoire, d’une communion, exige une hâtive mais sérieuse réflexion ; plus de bouche interrogative, plus de main planant, hésitante, au-dessus des registres ; ce Magnificat, c’était un sourire perpétuel, un sourire largement épanoui sur une face joyeuse, un sourire plein de confiance et exempt de doute,… c’était le sourire du « père Franck ».

Il se ruait à l’improvisation de ces versets comme un enfant à la ronde, et, vers la fin de sa vie, lorsqu’un éditeur avisé lui demanda de fixer ces fugitives impressions en un recueil de cent pièces pour harmonium, il accepta tout de suite et se mit à l’œuvre avec tant d’ardeur qu’il lui arriva fréquemment d’écrire au net quatre à cinq de ces piécettes dans une seule matinée.

La mort arrêta ce travail.

M. le chanoine Gardey, curé de Sainte-Clotilde, qui le connut pendant près de vingt-cinq ans et qui, sur sa demande, vint lui administrer lui-même les derniers sacrements, nous a raconté que dans une de ses visites au pauvre homme de génie mourant, celui-ci, au souvenir évoqué par le prêtre de ses improvisations du dimanche,