Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
CÉSAR FRANCK

C’est à cette époque que remontent la plupart des œuvres pour piano seul, duos concertants à quatre mains, transcriptions, caprices originaux, fantaisies brillantes, bref, tout ce qui constituait alors le bagage obligé du pianiste compositeur.

Notre siècle ne connaît plus — heureusement — ces carrières de météores de la musique, éblouissant toutes les capitales de l’Europe de leur éclat fulgurant mais passager, incendiant imaginations et cœurs féminins et faisant fondre des lingots d’or sur tout le cours de leur romantique trajectoire.

Tels, Thalberg et Liszt, pour ne citer que les plus illustres.

Le père de notre maître avait rêvé pour son fils aîné une existence de ce genre, qui n’allait cependant guère avec les goûts et le tempérament de celui-ci, il l’obligeait donc à tirer parti de son talent de pianiste et à produire périodiquement un certain nombre de compositions à cet usage.

Cependant, malgré ces « travaux forcés » auxquels Franck se voyait condamné de par l’autorité paternelle, il ne pouvait s’empêcher, en sincère et digne artiste qu’il était, de chercher et de trouver, même dans les plus insignifiantes productions, des formes nouvelles, non point encore des formes esthétiques de haute composition