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L’HOMME

insolite de traiter le morceau libre ne laissaient pas que de prendre des proportions inusitées pour ce genre d’épreuve, en sorte que les membres du jury (duquel Cherubini, malade, ne faisait point partie) ne comprenant rien à ce tour de force tout à fait en dehors des habitudes du Conservatoire, n’attribuèrent tout d’abord aucune récompense à ce gêneur… et il fallut que Benoist, le professeur du trop ingénieux élève, vint tout exprès leur expliquer la situation, pour que, revenant sur leur malencontreuse décision, ces messieurs se décidassent à accorder au jeune homme… un second prix d’orgue ! Dès ce moment, peut-être, Franck commença à devenir suspect aux yeux des gens officiels…

Il ne lui restait plus alors qu’une seule haute récompense à ambitionner à l’école : le prix de Rome. Il se préparait à prendre part au concours de l’Institut ; il le pouvait, bien qu’on ne le crût pas Français[1], mais un ordre subit de son père l’obligeait, au milieu de l’année scolaire, à quitter définitivement le Conservatoire.

Le 22 avril 1842, Franck était rayé des contrôles de notre école nationale de musique ; il lui était enjoint d’entreprendre la carrière de virtuose

  1. M. Georges C. Franck se réserve de donner ultérieurement des preuves de cette assertion.