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CÉSAR FRANCK

constituer une phrase mélodique complète. Cette forme, issue du chant grégorien où elle s’épanouissait en libres rythmes, devint, à l’époque dite renaissante, le type du chant collectif de la réforme protestante, mais combien diminué de valeur esthétique, à cause de son assèchement en formules harmoniques aux lieu et place de la libre et expansive mélodie grégorienne !

Le choral, tournant au bout de peu de temps en simple chanson, fut sauvé en tant que forme musicale par J.-S. Bach, qui, reprenant et élevant à la hauteur de son génie les procédés des organistes catholiques, créa un type nouveau de Choral varié pour orgue, découverte qui aurait dû être féconde, mais dont cependant Beethoven et Franck seuls surent tirer partie.

Le premier Choral pour orgue de Franck, en mi majeur, offre cette particularité que le thème proprement dit n’est exposé d’abord que comme partie accessoire d’un tout, également en forme de choral, auquel il sert simplement de conclusion (de coda, en termes techniques).

L’exposition du morceau est donc un thème de lied en sept périodes modulantes, dont la sixième ramène et détermine la tonalité de mi majeur et se complète par une septième qui semble surajoutée et même presque inutile, mais qui arrivera peu à peu à s’imposer seule et