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Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/206

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CÉSAR FRANCK

par le génial indécis, n’a vraiment aucun point commun avec l’image du Dieu qui s’est fait homme pour consoler et sauver l’humanité, pure réalisation du musicien croyant et bon.

Aussi bien est-ce cette image du Christ, ou plutôt le son de sa voix, qui constitue l’unité de l’œuvre au point de vue musical, qui en forme comme le centre, le principal sujet autour duquel viennent se grouper les divers éléments du poème ; quelques-uns de ces éléments, par leur importance, leur complexité, la quantité de moyens musicaux qu’ils emploient, sembleraient devoir absorber à leur profit l’attention de l’auditeur, et cependant, chaque fois que la Voix du Christ se fait entendre, ne fût-ce que pendant quelques mesures, tout le reste s’efface pour laisser passer au premier plan cette figure divine qui nous touche jusqu’au fond de l’âme. C’est que Franck a su trouver pour traduire son Christ une mélodie vraiment digne du personnage qu’elle est appelée à commenter au point de vue musical.

Cette mélodie si simple, mais si frappante qu’on ne peut l’oublier dès qu’on l’a entendue dans le prologue où elle fait sa première apparition, n’atteint son complet développement qu’au cours du dernier Chant, mais elle devient alors si sublimement inspirée qu’on croirait, à l’en-