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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

la marque qui scelle magnifiquement toutes les manifestations puissantes et durables du génie humain : la progression ascendante d’un ensemble harmonieux, et, en dépit des quelques défauts que j’ai, peut-être par scrupule d’historien, trop fortement soulignés, cette épopée musicale est, certes, l’œuvre la plus grande qui ait pris place depuis fort longtemps dans l’histoire de la Musique, ainsi que l’a constaté naguère un critique de bonne foi[1] :

« Cette composition n’est pas seulement une des plus vastes qu’on ait écrites depuis Beethoven, elle me semble l’emporter sur toutes les autres de ce temps-ci. J’en sais peut-être de plus parfaites, je n’en connais aucune inspirée de plus haut et soutenue d’un tel souffle… — Ici, le sublime rayonne et, chose merveilleuse, sans aucun secours étranger, mais par la force d’un sentiment unique, par la seule effusion religieuse. »

Oui, Maître vénéré, vous avez « bien fait », comme l’a dit Emmanuel Chabrier sur votre tombe entr’ouverte, et nul ne peut douter que la Justice éternelle ne vous ait admis à goûter en l’autre vie la béatitude dont, en celle-ci, vous avez si dignement célébré les splendeurs.




  1. René de Récy, La Revue bleue, 1894.