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CÉSAR FRANCK

s’établit, pour la première fois dans la partition, le ton de fa majeur.

Satan s’efface, impuissant, et regagne les ténèbres extérieures, et le Christ victorieux plane au-dessus du monde, appelant à lui toute la foule des justes et des élus :


Venez, les bénis de mon Père,

Venez à moi !


C’est alors que la tonalité définitive de ré majeur, déjà souvent présentée épisodiquement, descend sur l’humanité régénérée comme une lumière nouvelle, et la divine Voix entonne enfin le cantique attendu de la salvation par l’Amour. Le thème de Charité, maintes fois amorcé, pour ainsi dire, en bien des phases diverses, se fait alors mélodie complète et l’orchestre le reprend, plus solennellement encore, pendant que les chœurs, terrestres et célestes, modulent de longs et calmes hosannas !

Dans toute cette sublime péroraison, pas une mesure indifférente, pas une note qui ne soit à sa vraie place, pas une modulation qui ne se trouve expliquée et motivée par la situation dramatique.

Cela est de l’art véritable dont les siècles n’altéreront point la resplendissante beauté.

En résumé, cette œuvre des Béatitudes offre