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Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/225

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L’ÉDUCATEUR ET L’ŒUVRE HUMAIN

constater l’une des plus précieuses qualités de son enseignement, cette connaissance de l’élève qui faisait défaut à presque tous les autres maîtres de composition de son temps.

Se rendit-il bien compte lui-même de l’existence, chez lui, de cette dernière faculté ? Il est permis d’en douter, et l’on pourrait avancer que Franck, philosophe sans le savoir, faisait, presque malgré lui (j’en expliquerai tout à l’heure la raison), la psychologie de ses disciples et savait ainsi donner à chacun d’eux la direction et la matière artistique qui convenaient à son tempérament. Il excellait à pénétrer dans la pensée de l’élève et à s’en emparer, tout en respectant scrupuleusement les aptitudes de chacun ; c’est pourquoi il est remarquable que les musiciens formés à son école, qui, tous, sont pourvus d’une science solide, ont cependant conservé en leurs productions un aspect différent et personnel.

Le secret de cette éducation essentiellement large, c’est que Franck ne professait pas au moyen de règles strictes, de sèches et factices théories, mais que tout, dans son enseignement, procédait d’un sentiment plus puissant que toutes les règles : l’amour.

Franck aimait son art, nous l’avons vu, avec une ardeur passionnée et exclusive, et précisément en raison de cet amour, il aimait aussi