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L’HOMME

phoniques qui fut une débâcle. Quant à Franck, il écoutait trop vibrer sa pensée intérieure pour prêter attention aux mille détails sur lesquels un chef d’orchestre doit avoir constamment l’esprit en éveil ; l’interprétation des Béatitudes s’en ressentit grandement, mais sa bonhomie était telle qu’il fut le seul à ne point déplorer cette triste exécution et, lorsque nous nous plaignions amèrement auprès de lui que ses œuvres eussent été si mal présentées, il nous répondait en souriant et en agitant sa large chevelure : « Mais non, mais non, vous êtes trop difficiles, mes enfants ; pour moi, j’ai été très content !… »

Les dernières années de la vie du maître virent l’éclosion de quatre chefs-d’œuvre qui resteront comme des points lumineux dans l’histoire de notre art : la Sonate de violon, écrite pour Eugène et Théophile Ysaye, la Symphonie en ré mineur. le Quatuor à cordes et enfin les trois Chorals pour orgue, qui furent son dernier chant.

La Symphonie fut exécutée pour la première fois à la Société des Concerts du Conservatoire le 17 février 1889, contre le gré de la plupart des membres du célèbre orchestre et grâce seulement à la bienveillante opiniâtreté du chef, Jules Garcin.

Les abonnés n’y comprirent quoi que ce soit, les musiciens officiels guère davantage ; l’un