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CÉSAR FRANCK

d’eux, professeur au Conservatoire et quasi factotum du comité, auquel je demandais son opinion, me répondait d’un ton frisant le mépris : « Ça, une symphonie ? Mais, cher Monsieur, a-t-on jamais vu écrire du cor anglais dans une symphonie ? Citez-moi donc une symphonie d’Haydn ou de Beethoven où vous trouviez du cor anglais… Allons, vous voyez bien que cette musique de votre Franck, c’est tout ce que vous voudrez, mais ça ne sera jamais une symphonie ! » — Voilà où on en était au Conservatoire, en l’an de grâce 1889…

D’autre part, à une autre issue de la salle des concerts, l’auteur de Faust et de Mireille, escorté d’un cortège d’adulateurs et d’adulatrices, décrétait pontificalement que cette symphonie était l’affirmation de l’impuissance poussée jusqu’au dogme… Gounod doit expier dans quelque purgatoire musical cette parole qui, venant d’un artiste comme lui, ne pouvait être ni sincère ni désintéressée…

Cette sincérité, ce désintéressement, nous allons les trouver chez le maître lui-même alors que, rentrant chez lui après l’exécution, chacun des membres de sa famille s’empressait de lui demander des nouvelles : « Eh ! bien, es-tu content de l’effet sur le public ? A-t-on bien applaudi ? » Et le père, ne songeant qu’à