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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

L’art de Franck fut donc, comme celui des peintres siennois et ombriens de la première époque, un art de claire vérité et de sereine lumière, mais de lumière toute spirituelle excluant toute touche de couleur violente, car, si Franck fut un expressif, il ne fut jamais un coloriste au sens réel du mot, il faut savoir lui reconnaître ce défaut, et, en cela encore, il devient impossible de le rattacher aux Flamands ou aux Hollandais.

Mais en continuant à rechercher ses liens ataviques, nous rencontrons une autre lignée d’artistes à laquelle il est intimement apparenté, celle des modestes et admirables constructeurs auxquels nous devons le merveilleux type de beauté et d’eurythmie qu’est notre cathédrale française. De nos doux imaigiers, de nos robustes bâtisseurs du XIIIe siècle français, César Franck, nous l’avons vu dans le portrait moral que nous avons tenté de tracer, partagea la modestie, la simplicité, l’abnégation, il en eut également l’absolue sincérité dans l’inspiration et la consciencieuse naïveté dans l’exécution de l’œuvre.

Je ne crains point d’être contredit en affirmant que nul musicien moderne ne fut plus honnêtement sincère, en ses œuvres comme en sa vie, que César Franck ; nul ne posséda à un plus haut