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CÉSAR FRANCK

moins intelligemment parlé du maître, aucun n’a mieux compris et plus excellemment exprimé le côté bien français du tempérament artistique de Franck qu’un professeur de philosophie, M. Gustave Derepas, qui publia en 1897 une étude très documentée sur la vie, l’œuvre et l’enseignement de l’auteur de Rédemption. On m’en voudrait de ne pas citer textuellement quelques passages de cette plaquette, probablement introuvable aujourd’hui et qui vaut cependant, pour la pénétration intime de l’esprit de Franck, beaucoup mieux que bien des articles plus pompeusement écrits et émanant de critiques dits autorisés.

Au cours d’une comparaison entre la conception d’art wagnérienne et celle de Franck, M. Derepas écrit : « Le mysticisme de César Franck traduit l’âme directement et lui laisse, en ses élans vers le divin, sa pleine conscience. La personne humaine, à travers les accents de l’amour joyeux ou douloureux, garde son intégrité. Tout cela parce que le Dieu de César Franck lui a été révélé par l’Évangile et diffère du Wotan des Nibelungen comme le plein jour de midi diffère du pâle crépuscule. Franck laisse aux Allemands leurs nébuleuses rêveries ; il garde toujours du Français, ce à quoi nous ne tenons peut-être plus assez : la