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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

raison lumineuse, le bon sens, avec l’équilibre « moral[1]. »

Un peu plus loin, il ajoute : « L’atmosphère où se meut César Franck s’éclaire d’une lumière très nette, s’anime d’un souffle qui est vraiment la vie. Sa musique ne fait ni la bête, ni l’ange. Bien équilibrée à égale distance des grossièretés matérialistes et des hallucinations d’un équivoque mysticisme, elle prend l’homme avec ses douleurs et ses joies positives pour l’élever sans vertige vers la paix et la sérénité, en révélant en elle le sens du divin. Elle provoque ainsi, non plus l’extase mais le recueillement. L’auditeur qui s’abandonnerait docilement à sa bienfaisante action, reviendrait de la superficielle agitation au centre de l’âme et y retrouverait, avec le meilleur de lui-même, l’attrait du suprême désirable qui est en même temps le suprême intelligible. Sans cesser d’être homme, il se sentirait plus près de Dieu. Cette musique vraiment sœur de la prière comme de la poésie, au lieu d’énerver et d’affaiblir, rend à l’âme, ramenée à sa source, la sève des sentiments, des lumières, des élans, elle ramène vers le ciel, lieu du

  1. César Franck, étude sur sa vie, son enseignement, son œuvre par Gustave Derepas, docteur ès lettres, agrégé de philosophie, Paris, Fischbacher, 1897.