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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

Les élégantes symphonies de Mendelssohn, pas plus que celles de Spohr, n’ont apporté à l’ancienne forme aucun élément nouveau ; Schubert, Schumann, si primesautiers, si géniaux véritablement dans le genre du lied ou de la petite pièce instrumentale, se trouvent considérablement gênés dans la sonate ou dans la symphonie, — peut-être parce qu’ils ne savaient pas assez de ce que Spohr et Mendelssohn savaient trop ; — Brahms lui-même, malgré un sens du développement qu’on peut, sans exagération, rapprocher de celui de Beethoven, ne sut point tirer parti des précieux enseignements laissés pour l’avenir par le maitre de Bonn, et son copieux bagage symphonique ne peut être regardé que comme une continuation et non comme un progrès.

Le fil du discours beethovénien, rompu par le Destin, gisait donc inemployé, lorsqu’un jeune homme de dix-neuf ans s’avisa de tenter de le renouer à ses propres pensées et d’en faire le solide lien de formes et d’expressions musicales nouvelles.

C’est, en effet, vers la fin de l’année 1841, quatorze ans après la mort de Beethoven, que doit remonter la composition du premier trio (en fa dièze) de César-Auguste Franck, de Liège.

Comment le jeune élève du Conservatoire de