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CÉSAR FRANCK

Paris put-il concevoir l’idée d’établir une œuvre importante sur la base d’un thème unique concourant avec d’autres mélodies également rappelées au cours de l’ouvrage, à créer de toutes pièces un cycle musical (forme que Liszt seul avait entrevue sans arriver jamais à une parfaite présentation), cela est et restera probablement un mystère.

Quoi qu’il en soit, ce premier trio, avec ses deux thèmes générateurs, traités soit dans le sens de la fugue, soit dans celui de la variation comme Beethoven l’avait voulu, fut bien vraiment le point de départ de toute l’école synthétique de symphonie qui a surgi en France à la fin du XIXe siècle, et il doit, à ce titre, marquer une date dans l’histoire de la musique.

Dans l’œuvre de Franck lui-même, la Sonate, le Quintette, le sublime Quatuor, les Chorals et jusqu’aux Béatitudes, tout n’est qu’une conséquence de l’assimilation de l’héritage beethovénien à une intelligence vraiment créatrice.

Donc, tradition et classicisme dans l’édification et le style synthétique de son œuvre, et, en raison même de cela, liberté complète dans l’expression de sa propre personnalité qu’il sentait assez étayée sur cette tradition pour pouvoir lui laisser libre cours au point de vue de la marche mélodique et des agrégations harmo-