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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/401

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Il paraît que cette cinglée, surtout quand c’était la cravache qui leur disait deux mots, laissait toute la soirée une douleur cuisante dans les fesses. Moi qui avais été emmaillotée par une fille de chambre, je n’avais pas à redouter la baguette du maître de ballet, quand il vint passer l’inspection de mes cuisses et de mes fesses, prolongeant ses investigations sur mes appas potelés.

Décidément ici c’est pire que chez la modiste, qui elle ne se servait pas d’une cravache cinglante comme celle de la directrice, ni d’une baguette coupante comme celle du maître de ballet. Au cri poussé, et à la projection en avant, on devinait que la morsure devait joliment cuire.

Au théâtre je dus rester dans les coulisses pendant le ballet, avec mes camarades inoccupées et les danseuses qui attendaient leur tour d’entrer en scène. C’était la première fois que je voyais un ballet au théâtre, et que j’entendais de la musique par un orchestre complet. Il y avait de petits trous, percés dans la toile, qui montait le long des portants, où mes camarades mettaient un œil.