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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/402

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J’y collai le mien, et je vis la salle tout entière, éclairée par un plafond lumineux, l’orchestre où il y avait près de cent musiciens, les fauteuils, les loges, les baignoires, le premier balcon, tout çà garni des plus brillantes toilettes, étincelait de diamants et de pierreries. Les dames en tenue de soirée étaient décolletées très bas. En face je reconnus une des spectatrices qui avaient assisté à la répétition.

En ce moment je reçus deux coups de baguette sur mes fesses mal protégées par la fine soie du maillot collant. Je poussai un cri, projetée en avant par la surprise, ressentant une cuisante douleur. Le maître de ballet m’avait châtiée de ma curiosité. Il avait profité d’un crescendo de l’orchestre pour m’appliquer ces deux cinglées, se doutant bien qu’on n’entendrait pas le cri que ne manqueraient pas de m’arracher la surprise et la souffrance.

C’était, en effet, comme si la baguette avait cinglé la peau nue. Je souffris toute la soirée, qui dura trois heures, comme sous une morsure continue. Dans la voiture qui nous ramenait, je souffrais encore, et même