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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/59

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naces étaient suffisantes pour me faire rester à mon poste.

Quand le sirop sortit bouillant tombant dans mon gosier, je suçai le bout jusqu’à ce qu’il retirât ses mains de dessus ma tête me délivrant enfin. J’avais tout avalé malgré moi, ne sachant comment se pratiquait cette horrible succion.

Les hoquets et les nausées eurent raison des efforts que je faisais pour garder ce qu’il m’avait donné à boire, craignant qu’il ne me châtiât sévèrement et je vomis l’horrible boisson dont il m’avait gorgée. Il se contenta, satisfait qu’il était de ma bonne volonté de me dire en me renvoyant :

Tu t’y feras, petite, tu t’y feras. Quand tu en auras absorbé comme cela quelques litres, tu ne voudras plus boire autre chose. Puis c’est stomachique et c’est bon pour les poitrines faibles.

Cet affreux verrat, je ne puis l’appeler autrement ne me fit plus demander. Je n’aurais jamais pu mener l’opération jusqu’au bout. J’avais des nausées rien qu’en y pensant.

Il continuait à se faire servir par des gamines de dix à douze ans auxquelles il