Page:D - La Comtesse de Lesbos, 1889.djvu/25

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Vingt fois je mis la main sur le bouton de la porte ; enfin, après une heure d’anxiété, je le tourne doucement, la porte s’ouvre sans bruit ; je tends l’oreille, j’entends à peine la respiration calme de la dormeuse. J’avais quitté mes vêtements et mes chaussures, je m’avance sur la pointe des pieds jusqu’au bord du lit. La comtesse dormait, les lèvres entr’ouvertes, le bras gauche courbé sous la tête ; elle occupait la ruelle d’un lit très large, laissant une grande place à sa droite.

Décidé à tenter l’aventure, quoi qu’il doive en survenir, je soulève les draps et je m’allonge furtivement, sans que la dormeuse fasse un mouvement. Peu à peu ma main s’insinue par l’échancrure de la chemise, et se referme sur un sein rond et satiné, dont le contour la remplit. La belle soupire, bégayant un nom de femme. Advienne que pourra, poussons l’affaire, me dis-je. J’allonge le cou, je pose mes lèvres sur les lèvres entr’ouvertes de la dormeuse, qui d’abord, inconsciente, me rend longuement mon baiser. Ce baiser mit le feu aux poudres ; j’enlace aussitôt la belle, je l’étreins fortement et je