Page:D - Odor di femina, 1900.djvu/145

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une grande levrette jaune, qui m’avait montré ses crocs aigus à mon arrivée, et qui, après huit jours, me manifestait toujours la plus vive antipathie. Flairait-elle un rival qui allait lui disputer le cœur de sa maîtresse ? La vilaine bête ne changea pas d’attitude à mon égard jusqu’à la fin de mon séjour au château.

Ce joli bras rond, qui me serrait, cette taille souple, cette gorge de jeune fille que je sentais battre contre mon bras, la fine odeur qui montait de ses jupes remuées, et qui me renseignait sur le parfum qu’elle employait à sa toilette intime, me tenaient tout le temps dans un état de surexcitation fatigante, n’ayant pas d’éteignoir à ma disposition. On aurait dit qu’elle se frottait à moi, cette beauté troublante, pour m’électriser, dans ces tête-à-tête de tous les instants, à la promenade, dans la salle à manger, au salon, jusque dans son boudoir, partout enfin, excepté là où j’aurais voulu la tenir. Puis le soir, vers dix heures, on me tendait des doigts qu’on me permettait de baiser.

Je passai, comme on peut le penser, des nuits désastreuses, n’ayant pas de position, rêvant de croupes rebondies qui me narguaient en me lorgnant de leur œil noir clignotant, comme un sourcil froncé, de cons satinés et parfumés, grands ouverts, qui fuyaient devant moi, à