Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/13

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Ici, avec les usines du quartier, c’est de la bonne clientèle d’ouvriers, tous du monde honnête, payant bien. Ne faites jamais de crédit, c’est la mort dans notre commerce… La maison du dehors n’a rien de grandiose, bien sûr… faudrait un fameux coup de torchon. Mais que voulez-vous, par le temps qui court, il n’y a que les passes qui puissent payer le prix du crépi…

Il s’arrêta un moment et reprit :

— Ce n’est pas une hôtel de passes…

Les Lecouvreur dirent à l’unisson :

— Sûr, qu’on voudrait pas une hôtel de passes…

M. Goutay approuva :

— Pour ces messieurs-dames, c’est comme pour nous. Notez qu’avec les femmes on travaille, mais qu’est-ce qu’on prend comme ennuis, pour un oui ou pour un non, la police fourrage dans vos papiers. Rien de ça ici ! Avec l’ouvrier, quelques jeunes filles et au troisième les ménages, sans gosses bien entendu, c’est une vraie famille… Ah ! j’oubliais, il y a aussi de vieux locataires qui finiront leurs jours dans l’hôtel. Il baissa la voix : — Des cochons, des malheurs de clients qu’on ne peut pas augmenter.