Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/12

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rôle. Louise Lecouvreur s’y attarda. Une lumière grise s’accrochait aux rideaux déchirés, un papier à fleurs déteint attristait les murs ; le lit se trouvait serré entre une armoire de bois blanc et la table de toilette ; dans un coin, près du seau hygiénique, traînait une paire de vieux souliers. L’exiguïté, le dénuement, l’odeur de ce lieu, créaient un malaise. Louise Lecouvreur se détourna. Ses compagnons avaient disparu. Elle les entendait bavarder dans le couloir ; sans doute visitaient-ils d’autres chambres. Pour elle, celle-ci suffisait.

Émile Lecouvreur ne s’étonnait pas de cette indigence. Durant la guerre n’en avait-il pas vu d’autres ; et des nuits dans les granges, ou même « à l’auberge de la belle étoile », comme il disait en riant. Il fallait aussi considérer le prix des chambres : à ce tarif-là, pouvait-on mieux offrir ? D’ailleurs toutes ces salissures partout prouvaient bien que les locataires se souciaient peu de propreté ; cet inconfort ne devait guère les incommoder. Et puis, à quoi leur servaient ces chambres ? À dormir, pas plus.

— Vous vous y habituerez, commença M. Goutay. Faut pas demander l’impossible.