Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/23

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compliqué, un vrai grimoire avec ses 14 articles. Il n’osait bouger ni demander trop d’explications, encore moins lever les yeux sur le bureau dont les murs, encombrés de dossiers, l’impressionnaient.

Il se passa la main sur le front comme pour chasser l’angoisse qui lui serrait la tête. Il était en sueur. Quelques phrases difficiles bouillonnaient dans son cerveau. Tout aurait été si simple sans ces paperasses. Enfin, désemparé, piteux, il consentit à tout.

M. Mercier se leva et lui tapa sur l’épaule :

— Vous voilà propriétaire… Une mine d’or, cette maison…

— Vous croyez ? fit Lecouvreur. Je ne voudrais pas manger l’argent de mon beau-frère.

L’importance de son acte le bouleversait. Il tournait nerveusement sa casquette entre ses doigts.

M. Mercier sourit.

— Avant huit ans, vous serez rentier… Il lui serra la main : À ce soir, chez Goutay.

Lecouvreur, rassuré, se rendit au Marais, dans le quartier où il avait travaillé longtemps comme cocher-livreur. Il voulait revoir ses amis.