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Il entra chez plusieurs marchands de vin et raconta, en enjolivant un peu, son aventure aux camarades. On l’entourait, on le félicitait. Il avait bien mérité cette bonne fortune !

Sa journée se passa en libations et en adieux. À 8 heures, il retrouvait sa femme et son fils chez les Goutay qui donnaient un dîner pour fêter la signature de l’acte de vente.

Les Goutay avaient réuni deux tables au fond de la boutique. Sur la nappe blanche s’alignaient des assiettes, des plats, des hors-d’œuvre, sans parler des bouteilles depuis le « porto » jusqu’au « vieux bourgogne ». Au centre de la table fumait déjà la soupière.

Les invités arrivèrent. On s’assit. Goutay versa son porto.

— Buvez-moi ça, vous m’en donnerez des nouvelles ! Il fit claquer sa langue, leva son verre : — À la vôtre !

Ensuite chacun baissa le nez sur son potage et l’on n’entendit plus qu’un bruit de cuillères. Après les hors-d’œuvre, Goutay emplit les verres d’un vin du « pays » dont il vantait le bouquet en clignant de l’œil. On parlait déjà affaires, naturellement. Soudain, M. Mercier dit d’un ton péremptoire :