Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/242

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Elle retrouvait des noms de locataires, des souvenirs attachés à chacun d’eux. « Je deviens folle », balbutiait-elle. Et elle passait la main sur son front moite.

Le quatrième jour, l’entrepreneur fit attacher des cordages aux murs qui demeuraient debout. « Un, deux… » Les ouvriers, pendus aux cordes, tiraient de toutes leurs forces.

Brusquement, d’un seul coup, les murs du premier étage s’écroulèrent. Louise poussa un cri et se précipita en avant. Un nuage de poussières blanches l’aveuglait ; elle trébucha sur des pierres, chercha en vain à reconnaître l’emplacement de sa chambre parmi ces ruines.

— Vous n’avez donc jamais été à la guerre, lui dit l’entrepreneur. Allez-vous en, ma petite dame, qu’on en finisse ».

Il la chassait comme une intruse. Elle s’éloigna sans répondre.

Louise dut s’habituer à son nouveau logement ; les chambres étaient petites, un peu tristes. Elle s’y installa sans entrain. « Sors ! au lieu de ruminer, » conseillait Lecouvreur. Lui, il faisait le rentier ; il allait souvent