Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quittances en main, M. Goutay donnait des adresses de fournisseurs ; puis dans un verre à apéritif, avec de l’eau, il indiquait la proportion des « mélanges » ainsi que la façon de faire un « faux-col », c’est-à-dire de ne pas emplir le verre jusqu’aux bords.

Il était quatre heures, tout le monde travaillait et la boutique était vide. Soudain, la porte s’ouvrit, un homme entra en coup de vent :

— Un vin rouge !

M. Goutay mit un verre sur le comptoir et passa le litre à Lecouvreur. Il le regarda verser.

— 50 centimes, dit-il.

Mais il ne toucha pas la pièce laissée par le client. Ce fut Lecouvreur qui la ramassa et la glissa dans la caisse avec un contentement intérieur.

D’autres clients arrivèrent. Lecouvreur les servait puis essuyait le zinc du comptoir avec une lavette, rinçait les verres dans un bassin d’eau courante, vérifiant leur limpidité d’un clin d’œil :

— Mon vieux, vous vous en lasserez, remarquait M. Goutay.

Allons donc ! Il semblait à Lecouvreur qu’il avait toute sa vie fait ce métier-là. Il rayon-