Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/48

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— Dame, ça vient d’être fait !

La plupart, pour se dégourdir, corsent le jus d’un petit rhum ou d’un cognac. Ils ont quitté leur chambre à la hâte et c’est devant le comptoir qu’ils achèvent de se vêtir. Mal rasés, à peine lavés, leur visage transi a la couleur du petit jour. Le sommeil altère leurs voix et fait battre leurs paupières. C’est avec des malédictions, des « putains de métier » qu’ils sortent de leurs rêves. Parfois ils tombent assis sur une chaise, ils s’étirent ; un destin monotone les accable.

— Vivement ce soir, qu’on se couche !

Existences machinales irrévocablement rivées à des tâches sans grandeur. Il y a là des gens de tous métiers. Quelques employés, un comptable, des garçons de salle, des électriciens, deux imprimeurs ; et tous les ouvriers du bâtiment, terrassiers, plâtriers, maçons, charpentiers, de quoi refaire Paris si un tremblement de terre venait à le détruire. À 7 heures, ils ont tous disparu.

Un peu plus tard, de jeunes femmes apportent une animation nouvelle. Des ouvrières qui travaillent aux peausseries et filatures du quartier, des vendeuses, des dactylos. Elles commandent un café-crème qu’elles boivent