Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nettoyait les chambres une à une, mais pour remédier aux négligences de Mme Goutay, il lui eût fallu une année de travail. Elle se sentait trop faible pour sa tâche et souffrait de ne plus être la ménagère ponctuelle, méticuleuse, d’autrefois. Elle avait à vaincre l’insouciance des locataires, qui ne méritaient d’ailleurs pas tant de peines et d’efforts.

Depuis deux mois, elle sentait un point douloureux, à chaque aspiration. Elle ne se plaignait jamais ; tout le jour elle domptait sa souffrance. Mais le soir, énervée par le sans-gêne des clients qui s’installaient bruyamment dans la boutique, elle se réfugiait au fond de la cuisine, et, vaincue, se mordait les lèvres pour ne pas crier. Elle mettait tout son orgueil, un orgueil de paysanne, à cacher son mal.

… Un matin, comme elle lavait à genoux l’entrée de l’hôtel, un cri de douleur lui échappa. Elle rentra en gémissant, tomba sur une chaise ; lorsqu’elle respirait, son visage se tordait de souffrance.

Lecouvreur, affolé, lâcha son travail et courut chercher le médecin.

Louise avait une pleurésie. Il fallut aussitôt lui faire une ponction…