Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manche, lorsqu’elle voulait sortir avec lui comme autrefois, il refusait pour aller jouer à la manille. Elle le regardait partir, les larmes aux yeux.

Elle gagnait bien sa vie et n’était pas à la charge de son amant. Au contraire, hormis quelques pourboires, elle lui donnait tous ses gages. Les soirs de paye, Pierre s’adoucissait. Elle venait s’asseoir sur ses genoux comme une gosse. Il devait prendre, dans son corsage, l’argent qu’elle lui destinait.

« Plus bas, plus bas, » disait-elle avec un éclat de rire. Ça y est, tu brûles… C’est pour qui ? »

Elle se jetait à son cou. « Pour mon Pierre ! » Elle lui mordait les lèvres, le dévorait de baisers rapides, lui soufflait à l’oreille : « Je te mangerais. »

Trimault, un peu étourdi de ces transports, mettait l’argent dans sa poche puis rendait à Renée ses caresses. Il l’emportait, toute palpitante sur le lit. Elle s’abandonnait à une sorte de mirage où les plaisirs de l’amour se liaient à ceux d’une vie régulière et douce.

L’argent filait et l’humeur de Trimault s’assombrissait vite. Renée attendait ses