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canette de bière dans l’autre, prêt à satisfaire les caprices de chaque client.

« Patron, un diabolo ! »

« Un vittel-cassis, Mimile ! »

Il fait bon prendre un verre sur le trottoir après une longue journée de chaleur et de travail, quand le soleil s’est couché derrière les vieilles maisons du quai de Valmy et que, peu à peu, le roulement des voitures a fait place au bruit frais des écluses. Les réverbères s’allument, des amoureux s’étreignent dans le square, de vieilles femmes promènent leur chien. Les étoiles se reflètent dans l’eau sombre du canal ; l’air fraîchit, un coup de vent qui vient des boulevards extérieurs apporte le murmure de la ville.

C’est à cette heure-là que Latouche fait atteler ses six voitures. Un homme crasseux, barbu, le « palefrin », apparaît, portant des bricoles. Il harnache les chevaux, les pousse dans les brancards. On sent que chaque geste lui coûte, que l’âge pèse sur ses épaules. Enfin les camionneurs grimpent sur leurs sièges et font claquer leurs fouets. Hop ! en route pour les Halles.

Le palefrin demeure bras ballants à regar-