Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/82

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qui lui permet tout juste de gagner sa vie… Mais faut pas qu’il se plaigne, à soixante-cinq ans…

Le père Deborger regarde l’heure à sa montre. Il se fait tard et demain n’est pas jour de fête. Il voudrait cependant rester à sa place, sa canne bien calée entre les jambes, son mégot au coin des lèvres. Il est bien là… Seulement, la terrasse est presque vide, le quai désert.

— On va fermer, dit Lecouvreur.

— Je me lève, patron.

Tiens, ses jambes sont molles, incapables de le porter. Le bordeaux, peut-être… Allons donc ! S’il faut se priver de tout, alors autant crever. Il s’appuie sur sa canne et fait quelques pas.

— Attendez ! Je vais vous ouvrir la porte de l’escalier, crie Lecouvreur.

— Vous dérangez pas. Je m’étais un peu engourdi…

Le père Deborger habite au deuxième. C’est haut. Il s’arrête souvent pour souffler. Enfin, sa chambre… Il pousse un soupir de soulagement. Mais il regrette la boutique lumineuse, la vie des autres qui l’aidait à s’oublier. Tout est silencieux dans l’hôtel. Si seu-