Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/81

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était bonne, courageuse ! Il lui semble que cette mort date d’hier… Et l’autre, la Marcelle, qu’est-elle devenue ? Où court-elle ? Marcelle, Marie, sa mère… La vie… La vie… Non !

D’une tape sur l’épaule, Saquet l’arrache à ses souvenirs. « On pense à ses petites histoires, père Deborger. Voulez-vous boire quelque chose ? »

Il accepte. La soirée s’éclaire enfin. « Patron, un petit bordeaux ! » Il est heureux d’être délivré de sa solitude. Sagement appuyé sur sa canne, il regarde les autres jouer aux cartes. Parfois il se permet de donner son avis. « À votre place, Saquet, je demanderais la générale ! »

Les joueurs l’applaudissent. Le vieux, quel culot ! Malicieusement il cligne de l’œil. Il a traîné longtemps de meublé en meublé avant de se fixer à l’Hôtel du Nord. Il s’y trouve en famille. Les Lecouvreur sont aimables ; quand manque un manilleur on l’appelle. De jeunes « typos » lui demandent comment on travaillait de son temps. Pour ça, sur son métier, il peut donner des conseils bien qu’il ait lâché la partie. Actuellement, il est manutentionnaire : une place