Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/88

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Il n’a pas le temps. Une galopade ébranle l’escalier, on frappe à sa porte.

« Patron, grimpez vite ! Renée accouche ! »

Lecouvreur saute du lit. Tout de même, Renée aurait pu mieux choisir son heure. Là-haut c’est un remue-ménage, tout l’hôtel est déjà debout. « Ces imbéciles croient qu’il y a le feu, » grogne Lecouvreur en enfilant son pantalon.

Les locataires ont envahi la chambre de Renée. Ils font le cercle, et sans un mot, sans un geste, ils regardent la femme en travail. Lecouvreur s’approche. Lui aussi il hésite.

« Vous êtes sûre que c’est bien ça ?… »

Sans répondre, Renée lève vers lui un visage contracté ; elle est ivre d’effroi, de souffrance. Lecouvreur, perplexe, tourne la tête vers la porte. Pourquoi Louise ne vient-elle pas ?

Elle arrive. « Faut la conduire à Saint-Louis, décide-t-elle. Aidez-moi… Bernard, vous allez donner un coup de main à mon mari. »

On sort Renée de son lit. On l’habille. Mais le moindre mouvement aggrave les douleurs. « Un peu de courage, » dit Louise. Elle lui met son propre manteau sur les épaules.