Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/89

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« Maintenant, emmenez-la. » Et, se tournant vers son mari : « Tu me rapporteras le manteau. »

Renée jette un regard désespéré autour d’elle, ses yeux s’emplissent de larmes. Puis elle se laisse entraîner. On la tient sous les bras, on l’aide à descendre l’escalier marche à marche. Enfin, le grand air…

Sur le quai, pas un taxi en vue. Le groupe hésite.

« Allons à pied, » commande Lecouvreur.

Ils suivent le canal désert. L’eau est noire ; la plupart des réverbères sont éteints. Renée trébuche et gémit à chaque pas. Péniblement ils parcourent cinquante mètres. Dans un souffle, elle demande qu’on s’arrête.

Lecouvreur voudrait l’encourager. « Encore un petit effort, » finit-il par dire.

Renée s’accroche à lui. Ils repartent. Une voiture les croise à toute vitesse ; Bernard appelle mais la voiture ne s’arrête pas. Enfin, l’avenue Richerand : l’hôpital est au bout.

Renée ferme les yeux. Qu’ils sont loin les soirs où elle suivait le canal avec Trimault. Mais une douleur plus vive l’arrête, la plie en deux. Il lui semble qu’elle va mourir.