Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cher en morceaux. Les membres lui tenaient plus au corps.

Il boit, fait claquer sa langue, et après un regard sur l’assistance.

— Elle devait barboter depuis huit jours entre les écluses, comme un sous-marin. Du sale travail quoi !… Heureusement qu’on touche une prime !

Les bras tendus vers le canal, il ajoute :

— Il y en a de la vermine là dedans… des chats, des chiens… des fœtus. Ça descend du bassin de la Villette avec les ordures ménagères.

— On me paierait pour manger une friture, observe Lecouvreur.

— Oh ! le poisson n’est pas si mauvais. Y a deux ans, j’en ai ramassé plus de vingt livres, surtout de l’anguille. Vous savez quand on a vidé le bassin pour chercher les fuites ? On en a sorti des bricoles de ce dépotoir ! Des seaux, des godasses, de vieux pneus… même un lit cage ! Fallait nous voir barboter là-dedans avec nos grandes bottes. On avait de la vase jusqu’aux genoux. Et l’odeur ! Vous parlez d’une prise…

Puis, tout en roulant une cigarette :

— Ce qu’il faudrait, c’est récurer le canal.