Page:Dablon - Le Verger, 1943.djvu/112

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— J’en ai encore la nausée, Père. Je ne sais pas si je ferais un bon membre de la Saint-Vincent-de-Paul.

— Pour débuter, on pince le bec et on respire court, c’est entendu. Vous pouvez toujours essayer.

— Il faut avoir de bonnes notes pour entrer là-dedans.

Le Père arqua les sourcils :

— C’est vrai. Je n’avais pas songé à cela. Vous avez une mauvaise note cette semaine ?

— C’est mon professeur qui m’a flanqué une note ?

— Je ne sais pas.

Le Père se leva et sortit. Il revint au bout d’un instant ; il était allé chez le Père Préfet.

— Vous avez deux mauvaises notes, mon cher ami : un médiocre de la part de Monsieur Legris ; l’autre dans la colonne de la conduite générale…

— C’est le Père Dreux !

— Qu’avez-vous eu à démêler avec le Père Dreux ? Ça m’a l’air grave, c’est un très mal.

— J’ai écrit à ma blonde, en cachette.

Le Père ne paraissait pas surpris. Il retenait un air guilleret sous ses paupières baissées.

— Savez-vous que j’ai failli prendre la porte du Collège de Sainte-Anne pour une infraction semblable ?

Le Père avait entretenu une correspondance avec une jeune fille du village, grâce aux bons offices du boulanger. Un jour, de la poche du boulanger, la lettre avait chu sur le plancher du réfectoire, et le surveillant, qui l’avait ramassée quelques minutes plus tard,