Page:Dablon - Le Verger, 1943.djvu/113

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l’avait jetée dans la boîte du Directeur. Ce dernier, évidemment, avait demandé des éclaircissements.

— J’aurais pu m’en tirer, mais je trouvais l’affaire amusante. Et je ne voulais pas compromettre ce grand bêta de Phonse. Je n’étais pas sérieux ; je ne songeais qu’à imiter les élèves de Physique.

Et le Père riait en se piquant la paume de son coupe-papier.

— Les mauvaises notes ne m’empêcheraient pas d’entrer dans la Saint-Vincent-de-Paul ?

— Disons que je vous admets aujourd’hui et vous ne viendrez aux réunions que dans dix jours. Que pensez-vous de ce plan ?

— Il y a autre chose.

Le Père pensa : Jacques revient sur l’histoire de la lettre ; je l’ai traité en enfant.

— François m’a dit quelle idée vous vous faisiez de la Saint-Vincent-de-Paul. Moi, vous savez, je suis un lépreux. Et je me demande pourquoi vous vous intéressez à moi au moment où les Pères…

— Bon, bon ! Commencez par venir aux réunions et par visiter les pauvres. On avisera ensuite.

— Et puis, j’aime autant vous le dire, je ne suis pas comme François ; lui, on jurerait qu’il n’a pas le péché originel. Moi…

Le Père baissa les yeux puis regarda Jacques sans ciller.

— Moi, je commets des fautes graves… Et si je retombais, plusieurs fois, vous vous fâcheriez contre moi et vous me congédieriez.

Les aveux de ce garçon révolté émouvaient le Père comme la confession d’une petite fille.